Les (toutes petites) cases

J’ai longtemps dit : « Moi, je déteste les cases, je n’aime pas qu’on me mette dedans, je n’aime pas les étiquettes. Alors, arrêtes de vouloir me définir, tu n’y arriveras pas ! ». Et c’est vrai ! Je déteste les cases … pourtant j’ai passé ma vie, à moi même ouvrir la porte, me plier en deux, en quatre, en huit, rentrer dans la toute petite case, et refermer la porte sur moi même. Et puis rester là, enfermée dans l’image que j’avais de moi. Ne pas m’autoriser à changer, ne surtout pas me l’autoriser.

 

Mais POURQUOI je ne m’autorisais pas à changer ? Pourquoi au final je décidais de rester fidèle à l’image que j’avais construite, alors que pourtant je sentais qu’il y avait une réelle dissonance entre l’image que je renvoyais et celle que j’avais de moi de l’intérieur ?

 

Tu en veux toi des heures, des jours, des nuits, à chercher la réponse à cette question ? (J’en ai en stock … je les revends d’ailleurs si tu es intéressé(e) 😉 )

Des heures à réfléchir, à pleurer, à penser, à écrire, à croire que j’avais trouvé, à douter …

 

Et puis finalement la réponse était là sous mon nez, si évidente, si gigantesque, que j’étais passée à côté.

 

Si je change, je prends le risque de ne plus être aimée …

 

Si je ne suis plus cette fille sage qui ne fait pas de vague,

Si je ne suis plus celle qui dit toujours oui pour ne pas contrarier,

Si je ne suis plus celle qui ne boit pas, qui ne rentre pas tard,

Si je ne suis plus celle qui n’aime pas son image,

Si je ne suis plus celle qui a de l’humour,

Si je ne suis plus celle qui n’a qu’une parole,

SI je ne suis plus celle qui râle tout le temps pour le plaisir de râler,

Si je ne suis plus celle qui a l’humour noir,

Si je ne suis plus …

 

Alors je change dans le regard des autres,

Alors ils arrêtent de m’aimer,

Alors je me retrouve seule,

Alors j’arrête de m’aimer,

Alors je meurs …

 

Je te jure que je l’ai pensé !! C’est fou … C’est fou pour deux raisons majeures,

 

Déjà premièrement, car c’était grandement sous estimé mon entourage. Car mes proches sont FANTASTIQUES (je ne le dirai jamais assez) et que bien évidemment qu’il m’aimeront encore et toujours même si je change de petites cases. Car leur amour est pur et sincère (et pour ceux qui arrêteraient de m’aimer, et bien finalement c’est que nous ne nous correspondions pas tant que ça).

 

Et la deuxième raison, ultra importante, comment j’ai pu croire que ce qui est à l’extérieur de moi définit si oui ou non je m’aime, et si oui ou non je vis.

Et là, grande gifle, dans ma propre face. Car bien évidemment j’avais compris intellectuellement, le concept d’amour de soi, d’amour inconditionnel de soi. Mais pourtant j’en étais tellement loin dans la pratique …

Et en une seconde tout d’un coup je « vibrais » le concept !!!

(Attention note à « moi m’aime », et note à toi cher lecteur(trice), je ne dis pas que l’amour inconditionnel de soi est maintenant chose acquise, je dis simplement qu’il a été atteint, que ça fait un bien fou, et que maintenant quand j’oublie, quand je doute à nouveau, c’est plus facile de retrouver cet état, car j’y ai laissé un ancrage, sur les très bons conseils de ma douce amie Tifaine​).

 

Et du coup pour revenir sur mon histoire de case, car là je m’égare …

A ce moment là, je me suis dit hophophop ma grande (oui oui je m’auto-donne des petits surnoms pour entretenir ma folie 😉 ) pourquoi tu t’infliges à toi même, l’une des choses que tu aimes le moins au monde ?

 

Alors j’ai pris une grande décision … j’ai accepté l’idée que j’allais rentrer dans une case. Oui tu as bien lu, je te jure ! Mais j’ai accepté autre chose avec : j’ai accepté que potentiellement je change de case toutes les 2 minutes et que ce n’est pas un problème.

 

J’ai accepté de m’aimer, toute entière, de croire en ma capacité d’adaptation permanente et instantanée. Ce qui signifie que je peux changer d’une seconde à l’autre.

 

Donc conclusion,

 

Je suis cette femme qui adore être serveuse dans un restaurant, responsable qualité dans l’industrie et thérapeute.

Je suis cette femme qui peut faire 3000km en 10 jours pendant un voyage, et rester 15 jours dans la même toute petite ville lors du voyage d’après.

Je suis cette femme, qui aime par dessus tout passer du temps avec ses amis et sa famille, et qui savoure avec le plus grand des plaisirs les moments de solitude.

Je suis cette femme qui déteste la cannelle, mais genre DETESTE, et qui adore les spéculos.

Je suis cette femme qui « parle » avec les morts et comprends si bien les vivants.

Je suis cette femme qui fait du camping sauvage (et qui a peur de se faire dévorer par un ours au moindre bruit) et qui se régale dans les hôtels 5 étoiles avec spa et jacuzzi.

Je suis cette femme qui déteste le système scolaire et qui pourtant a un bac+5.

Je suis cette femme capable de dire « je m’en fou que les autres soit malheureux » quand je suis malheureuse de mon côté, et pourtant j’envisage de consacrer ma vie à aider ces mêmes autres à s’aimer soi même et à embrasser le bonheur.

Je suis cette femme tatouée, et qui ne fait pas d’acuponcture car j’ai peur des aiguilles.

Je suis cette femme qui lance un page Facebook, en me disant je vais partager tout ce qui me passe par la tête et pourtant j’écris seulement un article tous les 2 mois.

Je suis cette femme qui languis d’avoir 90 ans pour que la vie soit finie, et qui va profiter d’ici là de chaque seconde avec délectation.

Je suis cette femme pendue à son téléphone, et qui peut mettre 9 jours à répondre à un message.

Je suis cette femme qui ne regarde pas la télé « parce que y’a rien d’intéressant » et qui regarde « l’amour est dans le prés » en replay (franchement celle là j’ai un peu honte de l’avouer lol).

Je suis cette femme qui chante les chansons de Céline Dion à tue-tête et qui écoute Beethoven.

Je suis cette femme qui s’offusque de ce qu’on fait à notre planète et qui pourtant mange du Nutella.

Je suis cette femme à qui il manque une case, et qui rentre dans toutes les cases.

 

Et toi, tes cases du moment, c’est quoi ?